C’est un tout petit livre qui vous arrive par la poste dans son enveloppe de calque glacé, promesse d’un délice visuel, avec sur sa couverture cette belle tache rouge comme un bonbon de couleur.
Mais quel étonnant voyage chromatique dès que s’ouvrent les pages sur des espaces sans limites et que le livre s’élargit à vue d’oeil!
Chaque image est un tour de force, une calme prouesse qui déplie l’espace, l’ouvre à la réalité concrète de son hors-champs, ou au silence de son infini.
La succession des images est une promenade harmonique, un contrepoint des volumes et des forces qui organisent le monde, elle ne cède en rien à la facilité mélodique des assemblages colorés. Dans cette imposante rigueur chromatique, surgit un trait d’humour parfois, un clin d’oeil qui rappelle le spectateur à un compagnonnage du regard quand l’oeil chemine dans l’espace de la page pour trouver ses marques, comme avec la présence d’un ami qui vous sourit.
On referme le livre en remarquant la reliure nue qui découvre le dos cousu des pages assemblées et pliées. Tout dans ce livre fut offert à notre vue avec une probité et une grâce qui, loin de rogner le monde avec les bords de son cadre, l’étale dans ses pages, le pose là, devant nos yeux, qui savourent ses formes, ses lignes et ses couleurs comme autant de petits présents de chaque jour.
Texte de Martine Neddam, septembre 2020
